Comment l’immunoscience transforme le traitement du Diabète de Type 1
Janvier 2022 a marqué un tournant dans la prise en charge du diabète de Type 1. Après plus d’un siècle de traitements à base d’insuline, patients et médecins ont désormais une nouvelle option : la première thérapie susceptible d’agir sur l’évolution de la maladie.
Il s’agit d’un anticorps anti-CD3 qui cible les cellules T du système immunitaire s’attaquant par erreur aux cellules bêta productrices d’insuline chez les personnes atteintes de diabète de Type 1. En retardant cette attaque, le traitement peut repousser de deux ans la nécessité pour un patient de recourir à l’insuline.1 Comme récemment rapporté par un groupe d’experts indépendants après 5 ans de suivi, près de deux fois le nombre de patients ayant reçu le traitement n’a pas progressé vers le stade 3 du diabète de Type 1 par rapport à ceux ayant reçu un placebo, et le traitement a été bien toléré avec les effets secondaires attendus.2 La durée pendant laquelle elle peut continuer à retarder la progression de la maladie est encore en cours d’évaluation dans les essais cliniques.
« C’est la première fois qu’une offre peut être faite aux personnes atteintes de diabète de Type 1 à un stade présymptomatique et nous mettons à profit cette découverte pour développer de nouvelles thérapies susceptibles de modifier le cours de la maladie chez les patients souffrant de diabète de Type 1 », indique Elisabeth Niemöller, responsable chez Sanofi de l’aire thérapeutique Diabète, Cardiovasculaire et Métabolisme. « Un diagnostic de diabète de Type 1 bouleverse la vie et représente un fardeau non seulement pour le patient, mais aussi souvent pour toute sa famille. Le diagnostic vient aussi avec le début d’injections d’insuline et avec la nécessité de mesurer régulières le taux de glycémie. La mise au point d’un plus grand nombre de traitements susceptibles d’influer sur l’évolution de la pathologie donnera à ces familles plus de temps pour comprendre ce changement et s’adapter à leur nouvelle réalité. »
Le diabète de Type 1 en chiffres :
+ 8,4M
+ 180 personnes
16 ans
Retarder la progression de la maladie
Bien que le diabète de type 1 présymptomatique (stades 1 et 2) puisse être détecté des mois ou des années avant l’apparition des symptômes, la plupart des personnes ne sont diagnostiquées que lorsqu’elles ne se sentent pas bien. 10 11
Au cours des 50 dernières années, les scientifiques du monde entier se sont employés à déchiffrer les mécanismes sous-jacents du diabète de Type 1 et la manière dont on pourrait les cibler grâce à de nouveaux médicaments. Nous savons désormais qu’il s’agit d’une maladie auto-immune où les patients ne produisent que peu ou pas d’insuline du fait que leur système immunitaire attaque par erreur les cellules du pancréas qui la fabriquent.11 Nous avons par ailleurs constaté que cette agression débute bien avant l’apparition des premiers symptômes.
« Nous en sommes venus à comprendre l’action du système immunitaire avant, pendant et après l’apparition du diabète de Type 1 », indique Mark Peakman, Responsable Cluster, Recherche Immunologie et Inflammation chez Sanofi. « C’est ainsi que nous avons découvert l’existence d’une série de stades ou de « barrières » que les patients traversent au fur et à mesure que la maladie progresse et compris la manière dont nous pourrions empêcher ou potentiellement agir sur le franchissement de ces barrières. »
Fermer les barrières
La compréhension du mode de fonctionnement de ces différents stades constitue le fondement de la stratégie de Sanofi en matière d’immunosciences dans le diabète de Type 1, ajoute Peakman. « L’immunoscience correspond à notre compréhension du rôle du système immunitaire, non seulement dans le développement des pathologies, mais aussi dans la manière dont nous pouvons agir sur leur évolution ».
La première thérapie de modification du diabète de Type 1 s’appuie sur une nouvelle compréhension de l’histoire naturelle de la maladie qui montre qu’elle se développe à travers des étapes distinctes. Il est utilisé au stade 2 de la maladie, celui où les cellules productrices d’insuline sont attaquées, mais où les symptômes n’ont pas encore été observés. Pour retarder le passage du stade 2 au stade 3, le traitement cible une protéine appelée CD3 située sur les lymphocytes T « attaquants ».
L’une des barrières identifiées correspond au stade de l’infiltration dans le pancréas de cellules T cytotoxiques ou destructrices d’autres cellules, constatée chez les patients ayant franchi le stade 3, où le nombre de cellules productrices d’insuline est si faible que le corps ne parvient plus à réguler la glycémie. 12 13
Le traitement s’appuie sur une percée dans l’immunoscience réalisée au cours de la dernière décennie montrant que les lymphocytes T peuvent exister dans un état d’absence de réponse connu sous le nom d’« épuisement ». Au cours de l’intervention, les scientifiques ont commencé à rechercher des médicaments qui peuvent induire l’épuisement des lymphocytes T et ont découvert des effets puissants des anticorps monoclonaux dirigés contre CD3.
« Plutôt que d’éradiquer ces lymphocytes T qui détruisent d’autres cellules, ce qui empêche l’organisme de combattre virus et autres agents pathogènes, anti CD3 les fait passer dans un autre état où ils sont épuisés et ne peuvent plus causer de dommages aux autres cellules », précise M. Peakman. « C’est le premier médicament de ce type à fonctionner de cette manière sur le diabète de type 1, en stimulant les cellules immunitaires juste suffisamment pour les faire passer à un état dans lequel elles deviennent moins actives. »
Traiter les patients diabétiques de manière générale
Sanofi est par ailleurs en train d’identifier d’autres barrières susceptibles d’être ciblées par de nouveaux médicaments. Il s’agit notamment de la voie costimulatoire CD40/CD40L – un ensemble de molécules utilisées par les cellules immunitaires pour communiquer. Nos scientifiques développent actuellement un anticorps monoclonal qui bloquerait cette voie et empêcherait l’attaque immunitaire sur les cellules productrices d’insuline dans le pancréas.
« Nous analysons la maladie depuis ses toutes premières étapes, jusqu’au diabète clinique, au stade où les patients présentent des symptômes », nous indique par ailleurs M. Peakman. « Non seulement nous étudions les stades du spectre de la maladie pour lesquels nos médicaments sont les plus efficaces, mais nous comprenons également que la réponse immunitaire change au fur et à mesure de la progression de la maladie. Et nous avons recours à la science de l’immunologie pour déchiffrer cette évolution. »
« Grâce à notre portefeuille en matière d’immunosciences, nos innovations dans les vaccins et notre patrimoine dans le secteur du diabète, nous avons chez Sanofi les connaissances et l’expérience nécessaires pour mettre au point de nouveaux médicaments susceptibles de venir en aide aux patients atteints de diabète de Type 1, voire d’essayer d’empêcher la survenue de la pathologie », nous dit M. Niemöller.
Au-delà du diabète de Type 1
Les travaux de Sanofi sur le diabète de Type 1 pourraient représenter un véritable changement de paradigme pour toutes les autres aires thérapeutiques.
« Dans ce cas, au lieu de réagir à la maladie d’un patient, nous utilisons l’immunothérapie pour la retarder, ou en repousser l’apparition de plusieurs années », précise Peakman.
Rendre les lymphocytes T moins réactifs pourrait éventuellement être appliqué dans d’autres maladies auto-immunes. Et notre approche dans le diabète de type 1 pourrait ouvrir la voie à l’identification de biomarqueurs qui peuvent potentiellement prédire l’apparition ou la progression d’autres maladies auto-immunes et, éventuellement, contribuer à la recherche dans les nouvelles approches de traitement immunomodulateur.
L’immunoscience chez Sanofi
Chez Sanofi, nous étudions les voies, les types de cellules et les interactions qui constituent ces ensembles, afin d’identifier plus généralement les mécanismes immunitaires qui pourraient nous aider à combattre la maladie et ensuite de les adapter aux aires thérapeutiques concernées.
Comme pour le diabète de Type 1, nous travaillons sur de nouveaux traitements qui mettent à profit le système immunitaire, soit en rééquilibrant les réponses immunitaires qui dysfonctionnent dans les maladies systémiques et chroniques, soit en recourant à des mécanismes immuno-médiés pour lutter contre les maladies.
Grâce à notre approche en matière d’immunosciences, nous appliquons nos connaissances et notre expertise approfondie à différentes aires thérapeutiques, qui semblent pourtant n’avoir entre elles aucun lien, afin de mettre au jour de nouvelles options thérapeutiques en vue d’aider les patients aux quatre coins du monde.
En savoir plus sur notre science
Références
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- Lledó-Delgado A, et al. Teplizumab induces persistent changes in the antigen-specific repertoire in individualsat-risk for type 1 diabetes. J Clin Invest. 2024;134(18):e177492.
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